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=== LE POÈTE, CE MAL - AIMÉ ===

===  LE POÈTE, CE MAL - AIMÉ  ===

"La poésie est à l'homme ce que l'eau est au désert :

un mirage ou une résurrection !" (R.F.)

Par déduction, on pourrait dire que le poète est un utopiste ou un sauveur.

 

Qu'est ce qu'un poète ? Dieu sait si l'on a discuté, disserté, défini, habilité ou réhabilité, critiqué ou contesté, situé ou déclassé les poètes et leurs œuvres, par le passé. 

                       Certains esprits, grands ou petits, ont analysé avec plus ou moins d'habileté, d'intelligence, de perspicacité ou de bonheur, la nature des poètes, leur mission ou leur raison d'être dans ce meilleur des mondes. ils comparent les poètes Pour ce faire,

contemporains à ceux des siècles passés, ils jugent, tolèrent et extrapolent. C'est la grande alchimie ou relativité intellectuelle, sentimentale ou de l'absurde.

                        Il y a eu les visionnaires, les impressionnistes, les romantiques, les existentialistes, les classiques et les révolutionnaires, les dadaïstes, les sages et les maudits, les vrais et les faux... Enfin, on sait qu'il y a eu de grands poètes, que des poètes, cela existe à chaque siècle, en tout temps ! On dit d'eux, et c'est devenu une notion, : "les poètes sont de pauvres gens, des rêveurs, des purs ou des impurs, des impuissants, des idéalistes, des utopistes, de bons apôtres, quelque chose de superflu, presque un luxe dans une société et la plupart du temps des mystificateurs… de toute manière, des gens qui généralement ne savent rien faire de leurs dix doigts et finissent dans la décrépitude morale et physique, dans le malheur". Cliché archétype !

                       Que voulez vous que nous fassions pour vous ? disent les académiciens (aux poètes vivants)… On ne vous connaît pas, quelle est votre œuvre ? Où sont vos publications ? Qui parle de vous ? Qu'avez vous fait de constructif dans le culturel ? Que lui avez vous apporté, pour que nous vous décernions les palmes académiques et que nous fassions sonner les trompettes de la renommée ?

                      Que voulez vous que nous fassions pour vous ? disent les éditeurs... on ne vous connaît pas, quelle est votre œuvre ? Où sont vos palmes académiques ? Qui sonne pour vous les trompettes de la  renommée ?

                      Que voulez vous que nous fassions ? disent les poètes aux académiciens et aux éditeurs. Il leur est répondu : envoyez vos poèmes aux concours ou à l'édition et payez ! Inutile d'ajouter que les résultats seront plutôt maigres : il y aura beaucoup d'invités mais peu d'élus. Finalement, le cercle vicieux se referme. Et les poètes écrivent pour les poètes ‑ et les poètes sont lus par des poètes ‑ et le poète évolue en vase clos, ce qui ne dérange absolument pas le monde extérieur  et encore moins le ministre de la culture.

                       En France, il y a (parait il) quarante mille poètes valables ! Chaque année, les concours régionaux et nationaux sélectionnent une trentaine de candidats aux prix et diplômes d'honneur. En même temps paraissent autant de plaquettes de lauréats. En admettant une édition modeste, c. à. d. trois cents volumes par auteur, nous arriverions à quelque neuf mille exemplaires constituant la crème poétique annuelle. Qui lit donc ces neuf mille volumes ? Le public ? Non ! mais bien les autres concurrents qui ont versé leur droit de participation et de ce fait reçoivent gracieusement un exemplaire. Un tiers des volumes est distribué aux poètes concurrents, un tiers à la presse et information et un tiers par souscription ouverte généralement aux membres des clubs ou sociétés de poètes.

                       Et le public ?... A part un court lacet dans un canard local ou un petit mot à la radio, il n'entendra et ne verra rien de plus des poètes lauréats. Par contre, ce qu'il verra dans les vitrines des librairies, ce sont les poètes morts, dont il a entendu parler à l'école et grâce à qui il a récolté quelques mauvaises notes pour des récitations mal apprises et qu'il a de ce fait trouvé terriblement ennuyeux. Si malgré la mauvaise initiation scolaire un individu éprouve plus tard la curiosité de se pencher sur un livre de poètes de son époque, il risque de tomber sur un livre de poésie édité à frais d'auteur, d'auteur inconnu et pas forcément lauréat d'un concours faisant autorité ou encore, sur l'une quelconque des multiples anthologies qui, à part un poème choisi d'après les goûts et les faiblesses de l'auteur intégrateur, n'apporte rien au lecteur, ni au poète en question, pas même son adresse pour une suite épistolaire éventuelle.

                      On pourrait donc conclure que d'une part, il y a des poètes et de très bons poètes, capables de dire ce que les humains aimeraient entendre, dans un monde bruyant et démoralisant. Un monde abruti par tant de contestations, de haines, de guerres, de troubles sociaux. Un monde désorienté par tant de doutes doctrinaux. Une société qui manque de chaleur humaine et qui perd le goût du merveilleux et du rêve. Des humains qui n'osent plus regarder la poésie en face de crainte d'être confondu avec les hippies, les beatniks ou autres groupements extrémistes mis à l'index par la grande masse matérialiste ou technocrate. D'autre part, il y a la Poésie enfermée dans un monde hermétique, une fraction privilégiée de l'humanité, un vase clos où évoluent de grandes valeurs spirituelles, morales, artistiques, créatrices et profondément humaines.

                       Le poète serait il devenu une sorte de réserviste, un réformé de service humanitaire pour le jour où il n'y aurait plus de religion, par exemple ou pour le jour où apparaîtra un manque de matrices humaines dans un milieu d'automatisation intégrale ? Range t’on le poète sur la voie de garage pour l'utiliser plus tard en guise de diversion lorsque les robots cybernétiques deviendront trop uniformes et monotones à voir et à entendre ? La Poésie deviendra peut-être un jour l'échappatoire et le salut in extremis d'une humanité malade, décadente ou disséminée.

                              Peut-être qu'alors vraiment,  la Poésie sera à l'homme

ce que l'eau est au désert : un mirage ou une résurrection



04/06/2014
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